Citrouille Caza

Un plancher de chêne bien ciré

Sur le plancher de l’appart, un buste, comme posé là. La tête et les épaules comme un buste sculpté grec, mais sans le socle. Ou comme ces objets publicitaires dans les vitrines de chapelier. À part que…

— Sortez-moi de là, a dit la tête en levant les yeux vers moi.

Je l’empoignai par les oreilles et tirai. C’était léger. Sans poids du tout, même. Les épaules ont suivi, puis les seins. Oui, comme par hasard, c’était une femme – nue. Le torse, le ventre, les jambes. Enfin tout entière extraite du sol.

— Ne me lâchez pas : je retomberais à mon niveau. (Je lui lâchai quand même les oreilles, prise peu élégante, pour l’enlacer par la taille, au grand émoi de mes particules subatomiques.)

— Si je comprends bien, vous ne vivez pas sur le même niveau que nous… une sorte de dimension parallèle, non ?

— Oui, moi, quand je vous regardais, avant que vous me tiriez, je vous voyais la tête et les épaules cachées dans le plafond, je veux dire mon plafond de chez moi. Maintenant, je vous vois tout… mon plafond à moi s’efface dans mon souvenir. Je vois le vôtre, il est joli avec ses moulures de stuc très XIXe.