Pouly est toujours le dernier à sortir de l’école.
Il traîne, un cahier resté sous le battant de son bureau, le placard à explorer pour vérifier qu’il n’a pas oublié son écharpe (elle est autour de son cou) ou ses baskets de gymnastique (elles sont dans son sac).
Et ce n’est qu’une fois sûr et certain qu’il n’a rien oublié, qu’il file enfin vers la porte.
« Au revoir, Paul-Henri. Ne traîne donc pas comme ça ! »
Ç’est la maîtresse, madame Lagarche, qui vient de passer son nez pointu par l’entrebâillement de la salle des instituteurs. Il ne l’aime pas trop, il n’aime pas non plus qu’on l’appelle par son prénom complet. Il préfère Pouly, sobriquet que lui ont trouvé ses copains. Pouly se borne à murmurer :
« Oui M’dame, au revoir M’dame… »
Mais Madame Lagarche, que les grands appellent parfois dans son dos Madame La Garce, a depuis longtemps disparu.
Encore trois enjambées, et Pouly peut franchir la porte de sortie. La petite porte, celle qui communique avec l’internat, pas la grande, celle des externes. Lui, il est interne. Ce qui veut dire que, cinq nuits par semaine, il dort sur place, à l’école Marcel-Pagnol, dans une chambre à quatre, avec Samir, Benoît et Larcher. Pas drôle d’être pensionnaire. On n’est pas chez soi, on n’a pas toutes ses affaires, ses jouets, ses bandes dessinées, sans même parler d’un jeu vidéo. Juste la télé, dans la salle commune, mais pas plus tard que 9 heures. Alors le film, walou.
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